Un nouvel atelier à Saint Etienne

« Saint Etienne occupe une position centrale, l’aéroport est à une 1/2 heure de vol de Lyon, Valence, Clermont-Ferrand, ce qui présente une zone de chalandise conséquente. S’y implanter était comme une évidence quand on a cherché un endroit pour s’installer. De plus, on a été très bien accueillis par la direction de l’aéroport ». Dans quelques semaines, Bruno Touche ouvrira un atelier de maintenance d’un genre nouveau dans des bâtiments flambant neufs tout juste sortis de terre : Loire Aero Maintenance commencera son activité début décembre. Bruno va donc, comme le souhaitait la métropole stéphanoise, réindustrialiser le territoire et surtout l’aéroport ; une création dans un environnement économique pas nécessairement le plus favorable pour l’aviation générale.

Mais son projet a séduit d’autant qu’il s’appuie sur une idée simple qui a déjà fait ses preuves un peu partout : une forme de « All Inclusive » possible version maintenance aéronautique. En effet, Loire aero maintenance proposera des prestations de mécanique classique sur avions à moteurs à pistons : Cessna, Piper, TB10, TB20, Rallye…

Mais le pilote aura également la possibilité de faire réviser, voire rétrofiter son avionique au même endroit. Et s’il le souhaite, il pourra également entreprendre de restaurer totalement son avion façon « better than new ». C’est une formule originale et pourtant c’est presque une idée de bon sens, mais Bruno reste persuadé que cette organisation n’existe nulle part ailleurs. Concernant la partie avionique, l’entreprise sera capable d’assurer un passage des instruments analogiques vers un équipement numérique en fonction, naturellement, du budget alloué par le pilote pour cela. Dans ce domaine, Bruno Touche estime que Loire Aero Maintenance complète un maillage territorial qui est plutôt concentré au sud et au nord de la France. Concernant la partie rétrofit, Bruno Touche travaille avec des sous-traitants locaux, pour la sellerie et la peinture.

Ils envisageaient également de s’implanter sur la plateforme ; Bruno a su fédérer ces énergies pour développer un pôle d’expertise. Il ne tarit pas d’éloge sur un nouveau procédé de revêtement en céramique très efficace pour la finition de l’appareil. L’entreprise devrait employer dans un premier temps cinq personnes : Bruno Touche, sa fille Margot pour la partie administrative et trois mécaniciens dont deux disposent de près de vingt-cinq ans d’expérience. Loire Aero Maintenance s’installe dans une région ou le besoin en mécanique est soutenu : entre les écoles, les clubs et les particuliers, Bruno a déjà enregistré près de 45 demandes d’entretien, un chiffre impressionnant, avant même d’ouvrir ses portes.

Le parcours de Bruno est riche d’expériences. Il s’est d’abord engagé dans la Marine nationale en passant par l’école de Maistrance, faute de pouvoir devenir pilote de chasse, il s’est orienté vers la maintenance. Il a ainsi passé deux ans au contact des avions au sein des flotilles qui embarquaient sur l’un des deux porte-avions de l’époque, le Foch et le Clémenceau. Il quitte la marine à l’âge de 21 ans, travaille un temps chez Rectimo aviation puis au sein de la compagnie d’affaires SAR, société d’aviation roannaise. Il rejoint ensuite l’entreprise familiale dans le secteur du bâtiment. Après son rachat, il fera une partie de sa carrière à Saint Gobain avant d’en partir en 2010 pour devenir indépendant et au moment de la COVID pilote privé. A côté, avec quelques amis pilotes, il fonde Looping, une société de location d’avion, la flotte est d’abord constituée d’un PA 28 acheté en commun.

L’idée de revenir à ses « premiers amours », la maintenance, est arrivée tout naturellement. Il a vite été séduit par la plateforme de Saint Etienne. Pour devenir dirigeant, il a pu faire valoir ses compétences par la loi du grand-père auprès de l’OSAC avant de se plonger dans le dossier de demande d’agrément, un sacré morceau au plan administratif. Il obtient son agrément provisoire en Aout de cette année, les premiers contacts avec l’aéroport ont eu lieu en 2023… Bruno avait bien pensé à solliciter une aide de la Région dans la catégorie « réindustrialisation d’un territoire ». Hélas, la réponse a été tardive et négative. L’enthousiasme de la direction de l’aéroport a bien compensé.

Outre la société looping qui sera également dans les locaux, les bâtiments de Loire Aero Maintenance vont accueillir deux écoles de pilotages, l’une formant aux licences de pilote privé, l’autre professionnelle. Elles seront toutes les deux en ATO, section 1 pour la première, section deux pour la seconde. Cette implantation doit avoir une vertu pédagogique : celle de permettre aux élèves pro ou privés de descendre dans un atelier au rez-de-chaussée et voir en pratique ce dont leur parle la formation… Saluons donc un potentiel adhérent du GIPAG France qui est résolument tourné vers l’avenir et plein d’enthousiasme.