À l’occasion du salon France Air Expo début juin, le groupement a participé à une table ronde organisée par Aerobuzz sur le thème de la maintenance et relayée sur la plateforme Twitch. Les invités étaient Françoise Horiot ex-présidente du GIPAG, Gontrand Evrard, dirigeant d’Ales Aero Maintenance et Magali Jobert, directrice de l’AFMAé. Trois jeunes mécaniciens, Camille Soules, Julia Brioude et Jean-Sébastien Aubuy, sont également intervenus pour expliquer à leur niveau d’expérience les enjeux et les besoins de l’aviation générale. Répondant à la sollicitation de Gil Roy, le responsable d’Aerobuzz, mais également aux questions des internautes, Camille, Julia et Jean-Sébastien ont précisé pourquoi ils étaient devenus mécaniciens au sein d’entreprises, membres du GIPAG.
Camille et Julia se destinaient au départ aux métiers du pilotage, mais leur curiosité naturelle les prédisposait à s’intéresser aux aéronefs et à leur maintenance avant de les piloter, afin de mieux comprendre leur fonctionnement.
Camille a un parcours atypique. Au départ, c’est donc la carrière de PNT [Personnel navigant technique] qui la motivait. Après une tentative infructueuse au concours ENAC, elle s’aère l’esprit en obtenant une licence d’ethnologie, mais… l’aéronautique l’attire de nouveau. Elle passe donc un bac pro au CFA des métiers de l’aérien.
Elle candidate au sein de Troyes Aviation dont les dirigeants sont sensibles à la qualité de sa motivation. Depuis, elle est totalement conquise par le métier, l’environnement, les perspectives, le job au quotidien et… l’atelier.
Même engouement pour Julia qui est aussi en alternance chez Alpes Aéro Maintenance pour l’obtention d’un BTS aéro. Son maître de stage avait surtout besoin d’un (e) apprenti (e), ce qui est un peu différent du programme du BTS.
Julia s’est tout de suite plongée dans la mécanique, le temps de prendre ses marques, mais sans oublier le contenu de son diplôme. Elle aussi, l’atelier, elle adore !
Jean-Sébastien s’est également cherché au départ, il est aujourd’hui chef d’équipe dans un atelier Part 145 au sein de l’école Aéropyrénées.
Il était intéressant de laisser la parole à des jeunes qui ont choisi cette voie aéronautique (peu fréquente pour les femmes), les entendre parler de leur motivation, de leurs goûts, et de leurs projets. Une façon de montrer que la passion peut être encore le moteur d’une carrière, malgré l’image négative dont est affublée l’aéronautique.
Ce débat a permis, au travers de leurs propos et de ceux des autres interlocuteurs, de réaffirmer les attraits du secteur de la maintenance. Le premier est sans doute la polyvalence qui est requise pour les différentes tâches à accomplir, le mécanicien intervient sur l’ensemble de l’avion. La situation est très différente de celle des grands centres de maintenance, des constructeurs ou des compagnies. Le travail y est nettement plus sectorisé. Un autre intérêt du métier est la richesse du travail en équipe, celle d’une acquisition des connaissances au travers de l’expérience des collègues. Personne, y compris dans la jeune génération, ne peut être insensible à cet argument.
Mais le secteur de l’aviation générale permet également d’évoluer dans une carrière, le fait même d’avoir connu divers services et d’autres tâches reste un atout précieux lors de confrontation avec d’autres catégories de décideurs comme les ingénieurs par exemple. Magali Jobert l’a aussi parfaitement expliqué pour son cas personnel.
Cette évolution n’est pas aussi naturelle chez un grand constructeur ou au sein d’une compagnie aérienne ou le travail est nettement plus segmenté. La voie de l’apprentissage, comme souvent, apparaît encore comme la plus pertinente pour intégrer une entreprise de cette « petite » aviation.
Cette prise de parole du GIPAG, notamment celle de Françoise Horiot, au cours de cette table ronde a aussi permis de faire un état des besoins en personnel : entre les entreprises du groupement et celle du Syndicat national des exploitants d’hélicoptères (SNEH), ce sont plus de 150 postes de mécaniciens avions à pourvoir, sans compter les responsables qualité et de navigabilité, et ce, dans les plus brefs délais. Cette situation est à l’image des carences de recrutement que l’on trouve d’ailleurs un peu partout en France.
Pour répondre à ces besoins, les acteurs du secteur n’ont pas d’autres solutions pour de se faire connaître que d’engager une campagne de communication multicible avec des outils appropriés pour chaque vecteur. Il faut pouvoir montrer aux jeunes les métiers, les définir (fiche de poste), les process de carrière, les environnements de travail, le tout dans une entreprise totalement ouverte. Il faut restaurer la désirabilité de ces métiers qui ont perdu beaucoup de personnes durant la crise sanitaire. Ainsi Magalie Jobert explique que l’AFMAé tourne un peu au ralenti faute d’avoir assez de candidats pour ses classes de mécaniciens.
C’est un paradoxe, car la croissance du trafic aérien et les besoins dans la construction remontent… Enfin, elle a rappelé que le taux de féminisation évoluait entre 6 et 10 % et donc que les filles étaient les bienvenues pour ces métiers qui ne sont plus « genrés ».