Depuis des années, le secteur de l’aviation générale, d’affaires et de loisir est confronté à une carence permanente de mécaniciens, avions et hélicoptère. Cette situation est naturellement particulièrement préjudiciable aux entreprises de maintenance dans leur fonctionnement et leur organisation. « Tout le monde manque de mécaniciens partout en Europe, cela impacte l’organisation du travail, allonge le temps de visite et désorganise totalement les plannings ». Cette phrase n’est même pas celle d’un membre du GIPAG, il s’agit du propos de Christophe Rosset, le Président du Syndicat National des Exploitants d’Hélicoptères (SNEH).

Son organisation est confrontée, comme la nôtre, à ce manque important de mécanicien. Plusieurs raisons expliquent cette situation. La première d’entre elles est l’attractivité qu’exerce l’aviation commerciale, essentiellement les compagnies aériennes sur les futurs diplômés. Cette préférence existe depuis longtemps et il semble assez difficile d’enrayer l’attrait de la ligne. La solution pourrait alors consister à former plus de personnel et surtout de rendre ces métiers attractifs. Et sur ce plan, le constat est consternant : dans un souci quasi obsessionnel de la sécurité, l’EASA a placé très haut le niveau de formation des mécanos.

Certes, cette culture de la sécurité et sa mise en place ont créé la fiabilité du transport aérien et permis son développement, depuis 50 ans, de manière soutenue jusqu’à la période du COVID. Mais aujourd’hui, elle freine l’accès au métier de maintenancier car les exigences de formation pour l’aviation générale restent les mêmes que pour la ligne alors que les enjeux, les périmètres de travail et la typologie de l’exploitation des aéronefs sont très différents. Une fois de plus, les exigences de la ligne servent de référence.

Il faut changer cela. Et ce souhait ne date pas d’hier. Déjà en 2016, notre groupement, la FNAM et le SNEH avaient, au sein d’un groupe de travail lancé par l’EASA sur la réglementation Part 66 et Part 147, demandé que la formation soit sensiblement simplifiée. Est-il normal que le cursus de formation complet jusqu’à l’approbation pour la remise en service (APRS) avoisine les 7 ans, presque autant qu’un médecin ?

Le niveau en maths demandé est manifestement très élevé, ce qui conduit un certain nombre d’élèves à se décourager.

La partie théorique des formations est également trop importante en regard de la formation pratique. Nous demandons un rééquilibrage pour disposer de techniciens ayant acquis un savoir technique et d’une réelle maîtrise technique du geste. L’expérience requise pour obtenir une qualification de type est également encore trop importante selon plusieurs de nos membres.

De même, il conviendrait également de permettre aux personnels étrangers (ou s’étant formés hors de France) d’obtenir une équivalence qui les rendrait employables dans nos entreprises.

Enfin, il faudrait permettre aux militaires de s’intégrer facilement au sein de nos ateliers et, là encore, une véritable équivalence de leur diplôme et de leur savoir-faire doit être instaurée. Nous portons ainsi auprès de l’EASA de nombreuses demandes, appuyées par notre autorité, pour assouplir le système de formation. Cette pénurie n’est pas une fatalité, il faut modifier le cadre pour mieux accueillir des candidats passionnés.

(GIPAG NEWS n°25 – juin 2021)