À la suite d’un questionnaire lancé auprès d’élèves d’écoles de pilotage, l’Association des pilotes navigants de l’aviation (APNA) a provoqué des réactions d’étonnement. Cette initiative a permis d’ouvrir un dialogue entre le GIPAG et cette association.

Il y a quelques semaines, l’Association des pilotes navigants de l’aviation (APNA) avait lancé sur les réseaux sociaux une enquête informelle sur les ATO, celles de notre groupement et les autres. Passé l’effet de surprise, cette démarche a initié une forme de réflexion sur la nécessité pour ces organismes de formation d’évoluer vers une plus grande crédibilité, à la fois auprès des compagnies aériennes et

du public. C’était naturellement avant la liquidation d’Airways College dont la chute entache sévèrement l’image de ce secteur.

Cette réflexion de fond sera menée au sein de notre association par Jean-Pierre Trimaille, Responsable de la section Formation et Geoffroy Bouvet, Président de l’APNA entouré de quelques experts sur le sujet. L’objectif à terme serait de créer une sorte de label qui renforcerait la notoriété positive de ces organismes de formation au plan national et international. À ce titre, Jean-Pierre Trimaille a rappelé que la qualité de la formation française demeure toutefois largement reconnue.

Une évaluation des candidats

 Un aspect de ce label sera la mise en place d’une évaluation des candidats, avant l’entrée en formation. Elle permettra de savoir, au-delà des vérifications classiques de niveau, s’ils possèdent déjà les compétences et les qualités requises (au moins en partie) pour atteindre leurs objectifs professionnels (pilote de ligne, instructeur, pilote de travail aérien, etc.).

Elle pourra également apporter des informations sur d’éventuels futurs points faibles. Elle serait effectuée par un organisme indépendant selon une grille de questions validée de manière collégiale entre ATO. Au cours de la discussion, les membres du Gipag ont toutefois bien rappelé que l’évaluation d’un candidat reste une photographie à l’instant T. Durant la formation, on constate souvent des changements de comportement et l’acquisition d’une certaine maturité.

Si l’écart entre le niveau en sortie de formation et les attentes des compagnies a toujours fait l’objet de discussions animées, la définition de ces critères ne doit pas se faire sous la seule dictée des compagnies aériennes et notamment Air France. D’autant que cette dernière choisit en partie des écoles étrangères pour former ses pilotes… Ces critères ne s’appliqueront pas nécessairement à tous les candidats. Certains élèves pilotes en formation choisiront d’être instructeurs, pilotes d’aviation d’affaires ou encore de travail aérien, etc. Rappelons que l’apprentissage du métier de pilote commence le plus souvent par des emplois dans de petites compagnies et compensent ainsi le manque d’expérience. Les discussions entre l’APNA et les ATO (dont ceux du GIPAG) doivent donc se poursuivre pour harmoniser les attentes réciproques.

D’autant que les critères de recrutement et les niveaux exigés évoluent de manière inversement proportionnelle aux besoins des compagnies et à la pression sur le marché du travail. Ce label

doit permettre aux écoles titulaires de faire valoir leur professionnalisme au plan national et international, voire de leur permettre de rivaliser avec les écoles anglo-saxonnes en terme de notoriété. La discussion provoquée par l’APNA avec la sortie de son questionnaire a toutefois un grand mérite : celui de jeter potentiellement les bases d’une relation institutionnalisée entre les ATO et les compagnies, ce que les écoles souhaitent depuis toujours, au-delà des simples contacts informels entre responsables pédagogiques et responsable des recrutements.

Les avions revoleront et l’emploi des pilotes s’améliorera

 Jean-Pierre Trimaille, le Responsable de la section Formation du GIPAG, rappelle que le secteur aérien a été fragilisé par la pandémie apparue en France en mars 2020, provoquant un arrêt brutal de toutes les compagnies aériennes avec une ampleur jamais connue à ce jour. Au mois de février 2020, il manquait 600000 pilotes dans le monde ; un mois plus tard, il y en avait 600000 de trop ! Actuellement les perspectives d’emploi dans le transport aérien sont très limitées, mais les avions revoleront et, de nouveau, le besoin de pilotes reviendra avec, dans un premier temps, le remplacement des départs en retraite. Cette frénésie d’embauche a induit depuis 2017, la création de nouvelles écoles. Certaines ont fait miroiter à l’aide de publicités des perspectives de vies de rêves,

dans le cockpit d’un Airbus ou d’un Boeing. En espérant que le retournement du marché ne leur soit pas fatal, ce qui porterait ainsi un grave préjudice aux stagiaires ayant succombé aux sirènes de leur publicité. L’APNA, en coopération avec le GIPAG propose une sorte de labellisation des ATO qui en renforcerait la notoriété positive, le GIPAG a déjà en partie adopté une démarche similaire avec sa charte de qualité ; elle est assez générale et donc ne concerne pas que les ATO et leurs spécificités. Enfin, Jean-Pierre Trimaille constate que le niveau de sélection des compagnies évolue selon leurs besoins, il considère que le choix des critères de sélection est propre à chaque compagnie et qu’ils ne doivent pas rentrer dans les attributions d’un ATO.

(GIPAG NEWS n°21 – juin 2021)